Un oiseau blanc dans le blizzard, Laura Kasischke

Couverture de Un oiseau blanc dans le blizzard, Laura Kasischke
J'ai découvert cette auteur avec "En un monde parfait", qui m'avait déjà beaucoup plu. J'ai eu ensuite un véritable coup de cœur en lisant "Les revenants", puis "Esprit d'hiver". Quel bonheur de se laisser ensorceler par son écriture envoûtante, où le mystère voire le surnaturel vient teinter un quotidien des plus terre à terre. Un style onirique, empreint de poésie, que je me réjouissais de retrouver dans "Un oiseau blanc dans le blizzard".
Mon enthousiasme pour ce roman ne fut malheureusement pas à la hauteur de mes espérances, bizarrement terni par le style de l'auteur, qui m'avait tellement plu dans mes précédentes lectures.

Lorsque Kat, 16 ans, rentre du lycée un après-midi de janvier, sa mère est partie. Pas partie faire des courses, non. Volatilisée, évaporée dans la nature. Et elle ne ré-apparaîtra plus. Tout au long des 4 chapitres (4 années) qui constituent ce roman, l'auteur donne la parole à l'adolescente, qui semble étrangement détachée face à la disparition de sa mère. Au fil des pages, la lumière se fait sur le personnage d'Ève, mère mal-aimée et épouse blasée et déçue, mariée à un homme terne et transparent, qui s'ennuie ferme dans une vie à l'opposé de celle à laquelle elle se pensait destinée.

Summer, Monica Sabolo

Couverture de Summer, Monica Sabolo
C'est le deuxième roman de Monica Sabolo que je lis (après"Crans-Montana", l'année dernière), et encore une fois, je me suis laissée couler dans sa prose avec délice. 
Summer est la jeune fille qui, lors d'un pique-nique avec ses amies et son frère il y a 25 ans, disparaît mystérieusement, sans laisser de trace, sans explication. Est-elle morte ? A-t-elle fui ? Elle semble s'être évaporée dans la nature. Le récit oscille entre le présent, où l'on suit les errances de son frère Benjamin, marqué douloureusement par l'absence de sa sœur, et le passé, qui déroule son chapelet de secrets de famille et de révélation.

Je ne peux pas dire qu'il s'agit d'un livre qui tient en haleine, au suspense insoutenable. Au contraire, l'introspection y tient une grande place. On suit le fil des pensées du narrateur (Benjamin), pour mieux comprendre l'impact de son passé sur sa vie d'adulte. Le poids du passé est un thème qui me touche toujours beaucoup dans mes lectures et l'auteur le traite dans son style éthéré et poétique que j'ai découvert avec "Crans Montana". Le sujet est grave, mais son écriture est légère et délicate comme une bulle d'air. L'ensemble est un mélange très équilibré d'exploration intérieure et de rebondissements, distillés subtilement pour relancer le récit au moment où l'on redoute de s'ennuyer ou de tourner en rond dans la tête du personnage. 

Rapport au bêtes, Noëlle Revaz

Couverture de Rapport aux bêtes, Noëlle Revaz
"Rapport aux bêtes" est un huis clos pesant, écrit à la première personne dans le langage bien particulier de Paul, le personnage principal dont on suit le cours des pensées. Paul est un paysan "fruste et violent", comme le dit la quatrième de couverture. Plus à l'aise dans son rapport aux bêtes, que dans son rapport aux humains, il donne à ses vaches toute l'attention et l'empathie qu'il est incapable de procurer à sa femme, réduite à sa fonction reproductrice et à ses enfants, nuée parasite et encombrante, aux contours flous. 
Lorsque Jorge, l'ouvrier portugais engagé pour l'été, arrive à la ferme, Paul semble s'humaniser peu à peu. 

Paul fait partie de ces paysans "à l'ancienne", caricaturaux. Se tuant à la tâche, battant sa femme, refusant de voir le mal qui grandit en elle, il vit dans l'isolement. Paul peut passer une nuit entière au chevet de sa vache qui met bas, mais est incapable de visiter sa femme à l'hôpital. Il connait chacune de ses vaches et veaux par leur prénom, mais ne connait pas celui de ses enfants et semble avoir oublié celui de sa femme, qu'il appelle "Vulve".

Le voyage de Lou, Maria Joan HYLAND

Couverture de Le voyage de Lou, M. J. Hyland
En attendant ma critique de "Rapport aux bêtes", d'Alice Revaz, que je suis en train de terminer, voici la critique d'un livre que j'avais beaucoup aimé à l'époque! 

Vous avez déjà songé à laisser votre vie derrière vous, pour tout recommencer ailleurs?
Lou a 16 ans, est issue d'une famille de Sydney qu'on pourrait qualifier de "difficile" (papa et maman picolent toute la journée devant la télé pendant que ses frères et sœurs se droguent ou s'envoient en l'air avec d'autres délinquants) et rêve de se faire adopter par les Harding, sa famille d'accueil américaine modèle dans laquelle elle atterrit grâce à un programme d'échange.

Lou est un personnage terriblement attachant. Elle est dotée d'une intelligence hors du commun mais n'en reste pas moins une ado qui se cherche, qui peine à trouver sa place: toujours persuadée qu'elle sera mieux ailleurs que là où elle se trouve, jamais vraiment satisfaite...  Son mal-être et son besoin d'être aimée et dans la norme transparaissent tout au long du roman, mais sans pathos, avec humour même. Comme le livre est à la première personne, nous sommes dans sa tête, ce qui nous permet de comprendre son comportement qui, aux yeux de sa famille d'accueil passe pour celui d'une délinquante bien barrée!

Bilan lecture du mois d'octobre

Comme je n'ai malheureusement pas toujours le temps de chroniquer toutes mes lectures, je vous propose une nouvelle rubrique "Bilan mensuel". 
J'y regrouperai  sous un article les livres que je n'aurais pas eu le temps de chroniquer, accompagnés de mon avis en quelques lignes. 

Bonne lecture!

Délicieuses pourritures, Joyce Carol Oates


Couverture de Délicieuses pourritures, Joyce Carol OatesJ'ai vraiment adoré ce livre, qui se déroule sur un campus féminin, dans l'Amérique des années 1970. Un prof charismatique, devant lequel se pâment un panel d'étudiantes rigoureusement sélectionnées ; une ambiance pesante, à la limite du glauque, emplie d'une tension sexuelle malsaine qui monte crescendo jusqu'au dénouement final, dérangeant. Les personnages mystérieux et énigmatiques se fondent délicieusement dans la noirceur qui émane de ce court roman, hommage à H. D. Lawrence, écrivain de l'Eros, connu notamment pour son roman "L'amant de Lady Chatterlay". Ce n'est sans doute pas le meilleur roman de l'écrivaine, que je connais malheureusement trop peu, mais il offre une belle mise en bouche.