La course au bonheur, Maggie Lehrman

Couverture de La course au bonheur, Marie Lehrman
"J'avais renoncé à ma plus grande aspiration, à la seule chose pour laquelle j'eusse jamais été douée. Pour oublier mon passé, j'avais détruit mon avenir..."

"Chacun doit être capable de souffrir de temps à autre, de vivre avec ses souvenirs difficiles."
 
Un peu de changement dans mes habitudes, avec ce roman jeunesse qui m'a fait de l’œil lorsque j'ai lu sa critique sur ce blog
Dans le cadre de mon travail, il m'arrive régulièrement d'acheter des romans pour ados. Beaucoup me font envie lorsque je les ai entre mes mains. Malheureusement, comme pour les bandes dessinées, je prends trop rarement le temps de m'y pencher. Pourtant Dieu sait si la littérature jeunesse recèle de pépites. 

Tout ce qu'on ne s'est jamais dit, Celeste Ng

Couverture de Tout ce qu'on ne s'est jamais dit, Celeste Ng
"Souvenez-vous que les gens à qui vous parlez s'intéressent cent fois plus à eux-mêmes, à leurs désirs et à leurs problèmes qu'à vous et vos problèmes"

"Vous aimiez si fort et espériez tant, et vous finissiez sans rien. Des enfants qui n'avaient plus besoin de vous. Un mari qui ne voulait plus de vous. Rien que vous, seule, et du vide."

Tout ce qu'on ne s'est jamais dit, c'est l'histoire d'une mort, celle de Lydia, 16 ans. Mais c'est aussi et surtout une histoire qui prend ses racines dans l'intégration difficile, voire impossible pour le couple mixte que forment Maryline et James, dans les années 60. Maryline, étudiante en médecine, doit se confronter au sexisme ambiant, et au mépris de sa mère, qui voit d'un mauvais œil les ambitions de sa fille. Elle va commettre l'affront suprême, aux yeux de sa mère et de la société, en épousant son professeur, James Lee, d'origine chinoise. Un couple qui fait mal aux yeux de l'Amérique de l'époque et qui de ce fait sera sans cesse pointé du doigt, une stigmatisation qui va se répercuter sur leurs trois enfants, Nath, Lydia et Hannah.

Hématome, Maud Mayeras

Couverture de Hématome, Maud Mayeras
"Entre les carreaux bleu fade, une esquisse vaguement travaillée au stylo-bille. Une femme, nue, le sexe grossièrement dessiné. Et son visage, constellé de taches diverses comme autant d'ecchymoses. Sous le dessin, maladroitement inscrit : EmMatOmES"

"Mes yeux se ferment presque, dans l’attente du soulagement. Puis le vide. Rien d’autre que la douleur. Et vient le hurlement. Non, soyons plus honnête, le braillement. Je suis en train de brailler."

Emma se réveille à l'hôpital, sans comprendre ce qu'elle fait là. Son corps est saccagé, meurtri, mais elle n'a aucune idée de ce qui lui est arrivé. A ses côtés, son compagnon Karter, seul témoin de son agression, garant de sa mémoire. Peu à peu, des flashs assaillent la jeune femme, des bribes de souvenirs. Bien décidée à reconstituer le puzzle de sa vie, Emma va, de témoignages en rencontres inquiétantes, se réapproprier ce passé qui lui file entre les doigts.

Les soeurs de Fall River, Sarah Schmidt

Couverture de Les soeurs de River Fall, Sarah Schmidt
"Tous ces adultes qui m’avaient un jour portée enfant étaient morts et plus personne ne me porterait jamais."

"Mon corps était assoiffé de ce passé avec Emma et Père : j’avais envie de redevenir une enfant. J’avais envie de nager, de pêcher, de sécher au soleil avec Emma jusqu’à sentir nos peaux cuire. « Et si on était des ours ! » lui lançais-je, et nous devenions toutes marron, gigantesques, nos grosses pattes griffues donnaient des coups sur nos truffes noires."

L'histoire romancée d'un fait divers sordide, voilà de prime abord de quoi satisfaire mon penchant pour les histoires glauques! 

Le 4 août 1892, Andrew J. Borden et Abby Borden sont retrouvés sauvagement assassinés à coups de hache dans leur maison familiale à Fall River, dans l’État du Massachussetts. Lizzie Borden, seule présente sur les lieux du crime avec leur bonne Bridget, est accusée du meurtre de son père et de sa belle-mère, et finira par être acquittée au terme du procès. L'identité du meurtrier demeure à ce jour inconnue, laissant place à toutes les spéculations. Voilà pour le cas qui a servi de point de départ à ce roman. Pour les autres détails plus sordides et les photos, je vous invite à vous tourner vers Google... et vers le présent ouvrage.

Les loyautés, Delphine de Vigan

"Parfois, il se demande si cela vaut vraiment la peine d’être adulte. Si le jeu en vaut la chandelle, comme dirait sa mamie, qui remplit des colonnes d’arguments « pour » et « contre », séparées par un grand trait tracé à la règle, lorsqu’elle doit prendre une décision importante. Lorsqu’il s’agit de devenir adulte, les deux colonnes sont-elles équivalentes ?"

"Très vite, Théo a appris à jouer le rôle qu'on attendait de lui. Mots délivrés au compte-gouttes, expression neutre, regard baissé. Ne pas donner prise. Des deux côtés de la frontière, le silence s'est imposé comme la meilleure posture, la moins périlleuse."

Quel plaisir, à chaque sortie, de pouvoir me replonger dans un roman de Delphine de Vigan ! Je crois que depuis le temps, je les ai tous lus. Et chaque fois je retrouve cette écriture subtile, la justesse de ses mots lorsqu'elle fouille les tréfonds de l'âme humaine dans toute sa noirceur, mais aussi dans ce qu'elle peut avoir de plus lumineux.